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Nage des poissons morts et respiration rectale au menu des Nobel de la science improbable

Comme un préambule burlesque à la saison des prix Nobel sérieux, programmée début octobre, la cérémonie des Ig Nobel (jeu de mots avec l’adjectif « ignoble »), grand-messe de la science improbable, s’est tenue jeudi 12 septembre à Cambridge (Massachusetts). Alors que, pandémie et postpandémie obligent, les quatre dernières éditions s’étaient déroulées en visioconférence, l’événement a de nouveau eu lieu dans une vraie salle avec un vrai public qui a renoué avec la tradition d’envoyer une pluie d’avions en papier sur la scène.
Car, pour célébrer la science improbable, qui répond aux questions les plus loufoques, on ne se prend pas trop au sérieux. C’est donc en toute décontraction que de vrais Nobel, comme Esther Duflo, sont venus au Massachusetts Institute of Technology pour remettre les prix dans dix catégories qui fluctuent d’une année sur l’autre au bon vouloir du maître de cérémonie, l’Américain Marc Abrahams.
Aux Ig Nobel, humour et second degré sont de rigueur. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’Ig Nobel de la paix décerné au projet américain qui, durant la seconde guerre mondiale, a étudié la possibilité de placer des pigeons dans des missiles pour en assurer le système de guidage. Pour rester dans les expérimentations animales qui ne passeraient plus aujourd’hui, citons aussi la catégorie biologie, avec une étude de 1941 s’intéressant au mécanisme d’éjection de son lait par la vache, notamment quand elle est effrayée : pour y parvenir, on faisait exploser des sacs en papier près de la tête d’un chat… placé sur le dos de ladite vache.
Autre exemple animalier en physique, avec un article révélant qu’une truite morte nage fort bien dans un milieu tourbillonnant. Enfin, en physiologie, une équipe japonaise a été distinguée après avoir montré que, à l’instar du poisson nommé « loche », des mammifères (souris et cochons) pouvaient s’oxygéner par voie rectale. Prochaine étape, les humains. Des volontaires ?
Les Ig Nobel ont l’habitude de réserver une place de choix aux travaux sur le corps. Dans la catégorie anatomie, une étude menée par des Français a ainsi été récompensée, qui se demandait si les spirales que dessine l’implantation des cheveux tournent dans un sens différent selon que l’on vit dans l’hémisphère Nord ou Sud. En médecine, l’Ig Nobel est allé à cet article prouvant qu’un placebo qui fait mal est plus efficace qu’un placebo indolore.
Il faudrait plus de place pour détailler les protocoles parfois hilarants de ces expériences. Notons tout de même que, dans la catégorie probabilité, a été démontré, après avoir joué 350 757 fois à pile ou face, qu’il existait un léger biais : 51 % (et non 50 %) du temps, la pièce retombe du côté où elle a été lancée. Preuve que l’on peut à ce jeu donner un coup de pouce au hasard.
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